Emotions et apprentissage
Apprendre permet d’acquérir un savoir ou un savoir-faire. Pour l’assimiler, nous utilisons différents processus cognitifs. Jusqu’à il y a peu, processus cognitifs et émotions étaient rigoureusement séparés. Aujourd’hui, on entend de plus en plus de l’impact des émotions sur l’apprentissage. Alors les émotions sont-elles un frein ou un accélérateur d’apprentissage ?
Les émotions comme signe d’alerte
Une émotion est subjective, car son déclenchement nous est propre. Nous ne sommes donc pas tous sensibles aux mêmes choses, expliquant pourquoi Pauline ressent de la joie alors qu’Emilien dans le même contexte ne ressentira pas du tout cette même émotion. Leur intensité est également très individuelle.
Notre organisme, en recherche constante d’un équilibre parfait va utiliser un véritable processus physiologique pour maintenir cet équilibre quoiqu’il advienne : rythme cardiaque, pression sanguine, respiration… Ces réactions nous préparent à réagir afin que nous puissions sortir des situations menaçantes par exemple : fuir ou attaquer.
Une réponse à une situation de crise
La vie n’est pas un long fleuve tranquille… et quelquefois, la situation dans laquelle nous nous trouvons n’est pas la situation à laquelle nous nous attendions. On se rend compte alors, que l’on se retrouve en difficulté pour accéder à l’objectif que nous nous étions fixé, dans le temps espéré. Notre cerveau va alors utiliser une sorte de comparateur : situation actuelle / situation espérée. C’est la différence entre ces deux situations qui provoquera l’émotion.
Bien entendu, lorsque la vie réelle dépasse la vie que vous aviez rêvée, vous ressentirez une émotion positive. Cette émotion positive aura pour effet de venir renforcer votre comportement actuel.
En revanche, lorsque la vie rêvée est très éloignée de ce que vous vivez réellement, une émotion négative sera ressentie. Elle est alors le signal d’alerte pour vous avertir qu’il faut modifier quelque chose et donc vous réajuster pour pouvoir vraiment atteindre votre objectif.
Apprendre, une situation perturbante
L’acte d’apprentissage s’inscrit dans une démarche déstabilisante. Apprendre nécessite de réaliser des essais qu’ils soient fructueux ou non; le processus d’apprentissage s’inscrit donc dans un cycle d’essais réussis et échoués. Apprendre demande, donc, de s’engager dans une forme d’ouverture afin d’accueillir les concepts ou idées nouvelles. Ce n’est pas une action si simple, car elle nécessite la remise en cause des savoirs déjà acquis.
L’apprenant navigue souvent donc dans un équilibre précaire vacillant entre émotions positives et négatives. Les émotions positives renforceront la motivation et favoriseront l’accès à l’objectif. Les encouragements seront donc un pilier pour aider les apprenants et permettront de stabiliser les émotions positives.
Les émotions, frein ou accélérateur d’apprentissage ?
Il y a quatre groupes d’émotion qui sont pertinents pour l’apprentissage des élèves.
• Les émotions de réussite
Elles sont liées aux réussites et aux succès et aux échecs
Par exemple
- Réussite → plaisir d’apprendre
- Succès → fierté, espoir
- Échec → anxiété, honte
• Les émotions épistémiques
Elles sont déclenchées par des problèmes cognitifs. Elles sont importantes lorsque les tâches sont nouvelles.
Par exemple
- Nouvelle tâche → surprise, curiosité
- Obstacles → confusion, frustration
- Réussite → plaisir d’apprendre
• Les émotions thématiques
Elles sont en lien avec les sujets des apprentissages comme les sujets des cours.
Par exemple
- Personnage d’un roman → empathie, dégoût
• Les émotions sociales
Elles se rapportent aux enseignants et aux apprenants de la classe ou promotion. Elles sont importantes dans les interventions enseignant/apprenant, apprenant/apprenant et apprentissage de groupe.
Exemples d’émotions sociales
amour, sympathie, mépris, envie, anxiété sociale…
En conclusion,
Les émotions sont donc à la fois des freins et des accélérateurs d’apprentissage. Les émotions positives semblent être des moteurs pour l’apprentissage et les négatives freinantes, mais est-ce toujours le cas ?
La réponse à cette question se trouve dans la Partie 2 : Les émotions positives ou négatives et l’apprentissage.
DOSSIER
Cet article s’inclut dans un dossier complet qui se compose en 6 parties :
ÉMOTIONS ET APPRENTISSAGE
Partie 1 : Les émotions, frein ou accélérateur d’apprentissage ?
Partie 2 : Les émotions positives ou négatives et l’apprentissage.
Partie 3 : Le partage social des émotions et l’apprentissage
Partie 4 : L’influence des émotions sur l’attention
Partie 5 : L’influence des émotions sur la mémoire
Partie 6 : L’impact des émotions sur l’apprentissage
Bonne lecture !