Partage social des émotions et l’apprentissage

Certaines études tendent à montrer que partager nos émotions nous permet de nous en libérer. D’autres études, quant à elles, laissent penser que ce partage des émotions a une fonction plutôt sociale. Quel est l’impact du partage social des émotions dans l’apprentissage ?

Lorsque nous ressentons une émotion, nous développons une stratégie pour nous aider à les réguler. Cette stratégie nous est propre. Cependant, parfois, nos stratégies personnelles de régulation des émotions ne suffisent pas. Il est alors courant que nous ayons besoin de partager socialement cette émotion. Le contact avec les autres nous permet de trouver d’autres stratégies pour réguler cette émotion.

Le partage social des émotions, renfort des liens sociaux.

Dans un premier temps, les conseils et le réconfort, peuvent nous apaiser. En effet, vous partagez l’évènement émotionnel que vous avez vécu avec votre bon copain ou votre meilleure amie, celui-ci vous a réconforté. Il vous a pris dans ses bras, a fait preuve d’empathie, vous a donné des conseils, vous a dit de ne pas vous inquiéter, que « ça allait aller »…

Votre impression est que votre charge émotionnelle s’est réduite. Vous vous sentez apaisé.

Cependant, des études montrent que votre charge émotionnelle sera réduite qu’un court moment et, que ce type de partage émotionnel social n’agira pas à long terme. Ce partage des émotions est d’ordre socio-affectif. S’il n’a pas de répercussions à long terme sur la charge émotionnelle, il renforce les liens sociaux. Il affecte la relation entre les deux personnes qui partagent un événement émotionnel en les rapprochant. Vous avez l’impression que votre bon copain ou votre meilleure amie seront toujours là pour vous.

Le partage social des émotions comme outil de réévaluation

Si dans un premier temps, nous recherchons souvent à être réconforté, cette démarche n’est toutefois pas suffisante. En effet, si elle crée du lien social, elle ne permet pas de résoudre la situation vécue. En revanche, aller vers les autres vous permettra de réévaluer d’un point de vue cognitif la situation à laquelle vous faites face.

Grâce à cette réorganisation cognitive, vous pouvez interpréter la situation sous un angle nouveau, car vous avez pris du recul. Ce recadrage cognitif vous incite à faire bouger vos propres lignes, limites ou croyances personnelles. La situation nous apparaît alors plus claire. C’est d’ailleurs pour vous aider à éclaircir votre situation que vous vous contactez certaines personnes… et par forcément celles qui vous apportent du réconfort. En effet, le recadrage cognitif n’est pas toujours très bien ressenti dans un premier temps, il peut même s’avérer assez désagréable notamment :

  • Lorsque vous n’êtes pas prêt pour aller vers ce recadrage
  • Lorsque votre besoin est encore d’être réconforté

Pourtant, c’est bien un échange permettant la clarification de la situation grâce au recadrage cognitif que vous allez pouvoir réellement ressentir une réduction de votre émotion.

partage social des émotions

Contrairement à ce que l’on pourrait peut-être penser en lisant ces dernières lignes, les bénéfices socio-affectifs du partage social ne sont pas négligeables, loin de là ! La verbalisation que vous réalisez de votre situation vous aide à mieux la comprendre. Vous avez l’impression d’appartenir à un groupe, une communauté, d’être intégré. Ainsi, vous avez le sentiment d’être soutenu(e) et vous vous sentez moins seul. Et cette intégration sociale est excellente pour votre santé physique et mentale !

Partage social des émotions et apprentissage : quel lien ?

Apprendre conduit l’individu dans un processus instable de réussites et d’échecs provoquant une oscillation entre émotions négatives et émotions positives.

Les émotions positives ou négatives et l’apprentissage

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Les émotions positives ou négatives influent sur l’apprentissage. Mais comment ? N’a-t-on pas quelques idées préconçues concernant leurs actions sur l’apprentissage ?

Les émotions ressenties (positives ou négatives) provoqueront alors soit une diminution soit une augmentation du niveau de ces processus cognitifs.

Processus cognitif

Les processus cognitifs sont une suite de différents traitements de l’information. Ils correspondent à une succession de processus mentaux qui rend possible le traitement d’une information. Le traitement de cette information permettra alors une réponse.

Exemple de processus cognitif : l’attention, la perception, la mémoire, le langage, le raisonnement…

Réévaluer la situation d’apprentissage ne peut se réaliser seul. Elle demande un accompagnement pour être aidé et guidé.

Recadrage et apprentissage

Nous n’avons pas tous la même réalité, car nous choisissons qu’une certaine partie des éléments que nous avons à notre disposition pour créer notre réalité. Cette orientation définit notre cadre et devient une référence pour nous.

Dans ce référentiel, nous retrouverons nos valeurs, nos croyances, et une partie de notre histoire personnelle. Ce cadre est plus ou moins souple et il est quelquefois difficile d’en sortir. Il n’est pas si facile d’accepter de sortir de son cadre de référence. Cette acceptation permettra d’accommoder et dépend de notre intelligence émotionnelle.

L’accommodation me permet de reconnaître la situation (problème, exercice…) pour la rapprocher de ce que j’ai déjà assimilé (vu et reconnu).

Accommodation

L’accommodation est un processus grâce auquel un schéma mental se modifie en intégrant de nouvelles informations. Elle permet donc de créer de nouveaux schémas mentaux.

Elle est en lien avec l’assimilation qui me permettra de reconnaître les informations déjà connues (assimilation = intégration)

Lorsque mon accommodation ou mon assimilation se trouve entraver, les émotions viennent alors nous envahir pour nous signaler que nous devons nous réajuster. Comme nous l’avons vu, le plus efficace reste le recadrage cognitif.

C’est également permettre à l’apprenant à rechercher les causes de certains blocages ou de certaines croyances. Par exemple, vous êtes dyslexique et vous pensez que c’est un inconvénient majeur au niveau scolaire. Or, dans un autre contexte, cette dyslexie peut devenir un élément favorable. Par exemple, parce qu’elle développe chez vous une autre manière de faire ou de voir les choses, au même d’appréhender la vie.

L’étude qui avait révélé la fréquence de la dyslexie dans le monde entrepreneurial avait également conclu que les dyslexiques déléguaient mieux que les autres, et excellaient en communication orale. De plus, ils étaient meilleurs en résolution de problèmes, et étaient deux fois plus susceptibles de gérer au moins deux entreprises que les dirigeants qui ne présentaient pas le trouble.

Extrait de « Quand la dyslexie devient un point fort

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Les difficultés de réaliser un recadrage efficace

Trop impliqué émotionnellement, il est parfois compliqué de réaliser réellement ce recadrage cognitif. Si vous êtes parents, votre enfant vient chercher bien souvent auprès de vous du réconfort et non pas un recadrage cognitif. C’est d’ailleurs pour cette raison que, souvent, l’intervention d’une tierce personne (personne extérieure à la relation) permet de dénouer une situation qu’elle soit émotionnelle ou d’apprentissage plus efficacement que vous.

En effet, plus les gens sont proches, plus ils privilégient le partage socio-affectif. Ces partages développent tout long de la vie, nos compétences émotionnelles. Ils ne sont donc pas à négliger même dans un processus d’apprentissage, car ils vont participer à développer la confiance et l’estime de soi. En revanche, seul le recadrage cognitif apporte une véritable solution individuelle invitant l’apprenant à se questionner et l’amenant vers une régulation autonome de ces émotions.

Besoin d’aide pour réaliser ce recadrage ?

Si vous êtes désireux de découvrir une autre manière de répondre à cette question :

« Comment faire ? « 


DOSSIER

Cet article s’inclut dans un dossier complet qui se compose en 6 parties :

ÉMOTIONS ET APPRENTISSAGE

Partie 1 : Les émotions, frein ou accélérateur d’apprentissage ?

Partie 2 : Les émotions positives ou négatives et l’apprentissage.

Partie 3 : Le partage social des émotions et l’apprentissage

Partie 4 : L’influence des émotions sur la mémoire

Partie 5 : L’influence des émotions sur l’attention

Partie 6 : L’impact des émotions sur l’apprentissage

Bonne lecture !

Si le thème du partage social des émotions vous intéresse, je vous invite à lire : Le partage social des émotions de Bernard Rimé aux éditions Presse Universitaire de France (voir ici)

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