Il désobéit quasiment tout le temps, ignore vos demandes, lance des affaires à travers la pièce, répond, s’oppose, abîme, casse… Qu’est-ce que le trouble oppositionnel avec provocation ? Pourquoi est-il souvent associé à un TDAH ?
Le TOP, c’est pas le top !
—– Témoignages d’un parent ayant un enfant avec un TOP :
Il refuse quasiment systématiquement de suivre une consigne ou des règles. Dès qu’on lui demande quelque chose, il s’oppose. C’est alors la crise. Commence alors un flux de gros mots, qu’il va répéter, des provocations verbales, et même quelquefois physiques. Il nous pousse à bout, attend qu’on craque.
Dès qu’on lui demande quelque chose, il ne veut pas le faire même si à la base ça pouvait lui faire plaisir, il s’oppose constamment à ce qu’on lui dit. Il ne fait pas forcément des crises, il peut faire exprès de ne pas faire ce qu’on lui demande ou il nous ignore carrément.
On ne sait même plus comment lui parler. Quelquefois, on hésite même à lui dire des choses ou à lui demander des choses. L’essentiel pour le moment et d’éviter la crise. On n’en peut plus. On vit comme sur nos gardes. Il nous insulte, casse exprès des affaires dans la maison ou les abîme, quelquefois en nous regardant droit dans les yeux. Il ne s’excuse jamais, ce n’est jamais sa faute. C’est toujours notre faute parce qu’on ne lui a pas demandé correctement.
Est-ce un TOP, Trouble Oppositionnel avec Provocation ?
Le TOP est l’acronyme de trouble oppositionnel avec provocation. Le Trouble Oppositionnel avec provocation se constitue d’un ensemble de comportements répétés, provocateurs, colériques, rancuniers et surtout persistants. C’est la persistance et la fréquence de ces comportements qui les différencie d’une simple période d’opposition. Les sujets ayant un TOP ont une humeur rapidement irritable qui entraine de vives colères, des comportements querelleurs ou provocateurs, ou un esprit vindicatif. Leur humeur peut aussi être négative.
Différentes manières de s’opposer
Le comportement opposant peut s’exprimer de plusieurs manières :
- Opposition dite active : refus catégorique sans montrer la moindre crainte de ne pas respecter les demandes ou les sollicitations.
- Opposition dite passive : semble être en accord avec la demande, mais volontairement dédaigner la réaliser.
- Opposition dite passive agressive : semble être en accord avec la demande, mais son comportement montre qu’il n’est pas d’accord (par exemple, casse ou blesse soit disant accidentellement en réalisant la demande)
Si l’opposition se fait généralement de manière spontanée et impulsive, le comportement provocant est, quant à lui, souvent calculé.
Comment reconnaître un Trouble Oppositionnel avec Provocation ?
Les réponses comportementales sont souvent disproportionnées : agression verbale et/ou physique (cris, pleurs, menaces, insultes) ou ignorance complète des sollicitations. Les colères et les émotions de manière générale sont difficilement contrôlées. Les demandes, sollicitations, circonstances sont alors vécues comme non adaptées et non réalisables au moment où elles se produisent.
Les sujets ayant un trouble oppositionnel avec provocation ne se reconnaissent pas vraiment comme colérique ou provocateurs, et justifient tous les comportements en accusant les autres, les circonstances ou la demande elle-même d’en être la cause.
Les punitions ou restrictions n’ont aucun impact et n’améliorent pas la situation, voire la dégradent.
Les symptômes apparaissent généralement à l’âge préscolaire et avant l’adolescence.
Les crises verbales sont les plus fréquentes. J’ai droit à un lot d’insultes bien salées. S’en suit généralement une colère explosive durant laquelle il peut balancer les choses par terre ou partir d’un seul coup sans rien dire, en claquant la porte de sa chambre, au point que les murs en tremblent.
—– Témoignage d’un parent ayant un enfant avec un TOP
Les critères diagnostiques
Selon le DSM-5, reconnaître un Trouble Oppositionnel avec Provocation nécessite de prendre en compte un ensemble de comportement et d’humeur particuliers. La perturbation comportementale impacte de manière importante l’individu lui-même ou son entourage proche au niveau social, scolaire, professionnel ou dans d’autres domaines importants (par exemple, famille, amis, collègues de travail, couple…).
On note d’une humeur colérique / irritable, un comportement querelleur/provocateur ou un esprit vindicatif persistant pendant au moins 6 mois. 4 symptômes des catégories suivantes sont au moins présents, et se manifestent durant l’interaction avec au moins un sujet extérieur à la fratrie.
Pour les enfants âgés de moins de 5 ans, le comportement doit survenir la plupart des jours durant une période minimale de 6 mois.
Pour les sujets de 5 ans et plus, le comportement doit survenir au moins une fois par semaine durant une période minimale de 6 mois.
1ère catégorie : Humeur colérique / irritable
- Se met souvent en colère
- Est souvent susceptible ou facilement agacé par les autres
- Est souvent fâché et plein de ressentiments.
2de catégorie : Comportement querelleur / provocateur
- Conteste souvent les personnes en opposition
- Conteste souvent les personnes en position d’autorité ou, pour les enfants et les adolescents, ce que disent les adultes.
- S’oppose souvent activement ou refuse de se plier aux règles et aux demandes des personnes en position d’autorité.
- Embêtent souvent les autres délibérément.
- Fais souvent porter à autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite.
3ème catégorie : Esprit vindicatif
- S’est montré méchant ou vindicatif au moins 2 fois durant les 6 derniers mois.
C’est la persistance et la fréquence de ces comportements qui permet de distinguer un comportement dans les limites de la normale d’un comportement symptomatique. Ces comportements doivent donc, par leur fréquence et leur intensité, dépasser les comportements habituellement observés chez les sujets du même âge, sexe et culture.
TOP et périodes d’opposition
Il est important de faire la différence entre un Trouble Oppositionnel avec Provocation et les périodes d’opposition, voire de provocation, liées au développement normal.
L’opposition durant l’enfance
Durant la petite enfance, il y a différentes périodes d’opposition. Ces périodes sont tout à fait normales et aident l’enfant dans sa construction individuelle. Ce ne sont que des périodes, et cela sous-entend qu’elles ont un début et une fin. Généralement, à partir de 5 ans, ces périodes d’opposition sont terminées.
Les enfants ne sont pas non plus équipés neurologiquement pour faire face aux émotions qui les submergent. Ils subissent leurs émotions et n’arrivent pas à les réguler. Leurs comportements peuvent alors paraître explosifs, colériques, et même éventuellement opposants ou provocants pour les personnes ne connaissant pas les spécificités cérébrales des touts-petits (immaturité du cortex frontal qui engendre une immaturité des fonctions exécutives et de la régulation émotionnelle)
➔ Lire : mieux comprendre les fonctions exécutives.
C’est pour cette raison que les critères diagnostiques en faveur d’un TOP spécifient qu’avant 5 ans, les troubles doivent survenir pratiquement tous les jours, et ce, durant une période minimum de 6 mois.
L’opposition durant l’adolescence
La période d’adolescence est une période propice aux oppositions contre les parents et également contre certaines figures d’autorité. L’adolescent s’affirme ainsi en tant qu’individu ayant ses propres opinions et avis (qui peuvent diverger de ceux de ses parents, par exemple). Cette opposition lui permet de se construire et d’adopter ses propres valeurs. Cette phase est importante, car elle lui permet de pouvoir affirmer le futur adulte qu’il sera.
Les symptômes de Trouble Oppositionnel avec Provocation apparaissent rarement après le début de l’adolescence.
Facteurs influençant l’opposition
Certains facteurs peuvent également engendrer la survenue de comportements opposants.
- La fatigue
- Un syndrome dépressif : qui rend souvent irritable et d’une humeur négative.
- Un trouble du langage : l’incapacité de suivre une consigne par manque de compréhension peut laisser penser à un comportement opposant
- Un trouble anxieux : la défiance sous-tendue par la peur peut être perçue comme une provocation
- Un bouleversement émotionnel : une séparation, un décès, une naissance…
L’éducation semble également influencer leur apparition. Une éducation « à la dure » est basée sur la peur. Elle ne respecte pas l’enfant dans son individualité (besoin et demande d’autonomie). Une éducation trop laxiste voire négligente ne permet, non plus, à l’enfant de se construire, notamment socialement par méconnaissance des codes. Les pratiques éducatives contradictoires ne permettent pas à l’enfant de savoir à quelles règle et normes il doit se conformer. Lorsque les pratiques éducatives ne respectent pas les besoins, l’individualité ou encore les demandes d’autonomie de l’enfant, les troubles oppositionnels avec provocation sont plus fréquents.
Dans le cadre d’un trouble oppositionnel avec provocation, il est souvent complexe de savoir si des pratiques éducatives dures, laxistes ou négligentes sont à l’origine du trouble lui-même ou si elles sont la réponse parentale apportée au comportement opposant et provocateur de l’enfant.
Certains marqueurs génétiques et neurobiologiques semblent également être associés à un trouble oppositionnel avec provocation.
Le TOP en résumé
- humeur colérique / irritable, comportement querelleur / provocateur, esprit vindicatif.
- détresse du sujet lui-même ou de son entourage.
Apparition : à partir de l’âge préscolaire et jusqu’à la période adolescente.
Le TOP peut être estimé de léger à grave, suivant le nombre de contextes dans lequel il s’exprime (un seul contexte, ex. maison, TOP léger).
Un TOP est rarement isolé, il est la plupart du temps associé à une pathologie ou un trouble.
TOP et TDAH
Le TDAH est associé à un trouble oppositionnel avec provocation dans 40 à 50% des cas pour lesquels refus de faire, de se conformer à la règle, hostilité, défiance font partie des signes principaux. Autrement dit, pratiquement un enfant présentant un TDAH sur 2 aura également un TOP associé.
➔ Lire : qu’est-ce que le TDAH ?
L’essentiel est de différencier le trouble oppositionnel avec provocation du TDAH.
En effet, le TDAH par impulsivité peut également réagir fortement dans certaines situations, voire surréagir.
- Lorsqu’une demande ou une sollicitation est réalisée alors que la tâche précédente a utilisé fortement ses ressources attentionnelles.
- Lorsque les demandes sont multiples et qu’il ne sait pas comment les organiser et gérer la demande
- Lorsque les informations arrivent de plusieurs sources et qu’il n’a pas la capacité de les sélectionner
- Lorsqu’on lui demande d’être calme et posé durant un temps qui lui paraît trop long
Il y a donc une multitude de situations qui peut laisser penser qu’un TDAH a un comportement opposant et provocant. Ses réactions sont alors souvent intimement liées à une surcharge cognitive, une difficulté à contrôler ses émotions, ses réactions et à inhiber certaines réponses verbales ou motrices.
Dans le cadre d’un TDAH, les fonctions exécutives dysfonctionnent et peinent à apporter la réponse verbale, motrice ou sociale adaptée à la situation. L’inhibition, par exemple, permet de freiner un comportement et de résister à une réponse automatique. Elle permet d’éviter le « je dis ce que je pense au moment où je le pense ». L’enfant TDAH éprouve une réelle difficulté à développer un autocontrôle des réponses automatiques qui lui permettrait de moduler son impulsivité. Il n’arrive pas à retarder ou retenir une réponse. Les difficultés de planification viennent entraver les conséquences des réponses données, car elles ne sont pas anticipées.
On voit donc de jeunes TDAH qui du fait de leur dominante impulsive vont répondre de manière insolente (voire agressive) sans prendre la mesure des conséquences de leur dire ou de leur acte quand ils se produisent.
Généralement, les sujets TDAH prennent, après coup (une fois le calme revenu), toute la mesure de leurs actes et en acceptent les conséquences. Ils en sont généralement désolés. Bien souvent très sensibles, ils sont généralement réellement affectés par les conséquences de leurs actes impulsifs. Les sujets ayant un trouble oppositionnel avec provocation nieront leur responsabilité et accuseront les autres.
Chez l’adolescent, il est recommandé de rechercher l’existence de conduites addictives (vis-à-vis de substances (tabac, cannabis, alcool, ou une dépendance à certaines pratiques telles que Internet, les jeux vidéo, …) et les modalités de consommation et d’usage (date de début, fréquence, quantité, …), notamment lorsqu’ils ont été détectés tardivement.
Vous avez besoin de mieux comprendre, d’aide pour gérer le quotidien, de conseils, de recommandations ?
Lectures conseillées
Lussier Francine. Mon enfant est difficile, concrètement comment faire ? aux Editions Tom Pousse.
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