La dysphasie est un trouble neurodéveloppemental de la communication. Elle affecte l’expression orale et la compréhension orale. Elle toucherait 2% de la population.
Qu’est-ce que la dysphasie ?
Comment en est-on arrivé à parler de dysphasie ?
Le terme de dysphasie
Avant les années 1960, les troubles du langage oral de l’enfant étaient calqués sur le modèle des aphasies de l’adulte. On constatait donc des enfants qui ne parlaient pas sans qu’ils soient touchés par une surdité et sans qu’une déficience intellectuelle soit notée. C’est à partir des années 1960 que Ajuriaguerra propose le terme de dysphasie.
« Les désordres présentés par ces dysphasiques se caractérisent par un trouble de la réception et de l’analyse du matériel auditivo-verbal, des désordres dans l’agencement des éléments syntaxiques constituants du récit et des difficultés dans les mises en relation lexicales, le vocabulaire lui-même n’étant pas un critère suffisant. Il y a une homogénéité relative du déficit entre compréhension-réalisation-support sémantique. »
Manuel de psychiatrie de l’enfant – Julian de Ajuriaguerra
En posant le terme de dysphasie, il permet de prendre en considération l’aspect développemental du langage prenant en compte l’évolution et l’altération d’un trouble de compréhension et d’expression orales.
Un trouble développemental du langage
Dans les années 1980, venant d’Angleterre, une nouvelle nomenclature apparaît concernant ces troubles développementaux du langage. On parle alors de developmental dysphasia proposant alors des atteintes expressives et réceptives, des atteintes mixtes et des atteintes concernant le traitement de l’information.
Les Anglo-saxons utilisent donc une idée plus générale en parlant de troubles développementaux du langage en différenciant ce trouble selon qu’il affecte la phonologie, l’aspect lexical, la syntaxe ou la pragmatique. Ils considèrent donc plusieurs formes de ce trouble du langage observant des glissements possibles de l’une à l’autre.
➔ Lire : les différentes formes de dysphasie
Des symptômes, un trouble
Dans les années 1990, en France, les différentes formes proposées par les Anglo-saxons sont reprises pour former un ensemble présenté sous le nom de dysphasie développementale.
« Il est donc nécessaire de décrire les dysphasies sous la forme d’entités syndromiques, c’est-à-dire d’ensembles de comportements s’écartant de la norme développementale, caractérisant des populations d’enfants qui vont avoir en commun certaines particularités anamnestiques et un même type de difficultés évolutives. »
Source : L’enfant dysphasique . De Boeck – 1993[2]
La dysphasie se définit alors comme :
- Une exclusion : à savoir ce qu’elle n’ait pas. A savoir qu’elle n’est pas liée à un déficit auditif ou intellectuel, une lésion cérébrale ou de l’appareil phonatoire.
- Un trouble du langage isolé : à savoir qu’il n’y aurait pas d’autres troubles.
La dysphasie : vers une prise en compte globale
Néanmoins, ce diagnostic, basé en grande partie sur l’exclusion, est remis en cause dans les années 2000. En effet, si le trouble du langage est prépondérant, il semble qu’il puisse aussi être associé à d’autres troubles ou handicaps[3].
Dans les années 2010, la dysphasie est alors vue comme un trouble du langage oral prédominant pouvant cohabiter avec d’autres troubles. On dit alors qu’il s’agit d’un trouble primaire.
La dysphasie doit donc être approchée dans sa globalité. Elle ne doit donc pas être un diagnostic par exclusion comme l’était, il y a encore quelques années. C’est un trouble primaire qui peut cohabiter avec d’autres troubles correspondant à d’autres zones du développement.
➔ Lire : Dysphasie et troubles associés ( à venir)
Une définition de la dysphasie
La définition la plus complète de la dysphasie est
« Trouble primaire du langage, dans les sphères expressive ou expressive et réceptive, qui s’observe par des atteintes variables affectant le développement de plus d’une composante du langage, phonologie, morphologie, syntaxe, sémantique, pragmatique. En plus d’une hétérogénéité des manifestations de ce trouble d’un individu à l’autre, il se caractérise, chez un même individu, par sa persistance, la variabilité du portrait clinique dans le temps, de même que par une forte probabilité qu’il y ait peu d’évolution sans intervention.
La dysphasie est souvent accompagnée d’autres signes et peut aussi coexister avec d’autres déficiences. La dysphasie a des répercussions qui peuvent entraver le développement et le fonctionnement de l’individu sur les plans personnel, social, scolaire et professionnel. Par conséquent, la dysphasie engendre des situations de handicap et des préjudices variables pour l’individu et son entourage selon les circonstances et à tous les âges de la vie. »
Source : Trouble primaire du langage/dysphasie, une démarche diagnostique novatrice et des outils cliniques[4]
Selon la classification mondiale (DSM-5), la dysphasie est un trouble neurodéveloppemental de la communication de type expressif, expressif-réceptif (mixte), et ou phonologique. On pourrait donc lui reprocher l’exclusion de certaines formes et la non-prise en compte du niveau de sévérité du trouble lui-même.
➔ Lire : Quand penser à une dysphasie ?
Conclusion : qu’est-ce que la dysphasie ?
Nous pouvons dire que la dysphasie est un trouble du langage oral prédominant sur les autres troubles ou déficiences avec lesquels elle peut cohabiter. Elle affecte de manière variable le développement du langage oral d’un point de vue phonologique, morphologique, syntaxe, sémantique et/ou pragmatique, sur son versant expressif ou expressif et réceptif à la fois. Elle se caractérise également une persistance dans ses manifestations. Elle induit des situations de handicap en provoquant des entraves dans le domaine personnel, social, scolaire et professionnel.
Comme elle cohabite fréquemment avec d’autres troubles, il est courant de la retrouver associée, par exemple à :
- Une dyslexie-dysorthographie
- Une dyspraxie
- Un TDA/H
- Une dyscalculie
➔ Lire : Les troubles d’apprentissage
Pour compléter votre lecture sur la dysphasie, vous pouvez vous rendre sur cette page :
Sources
[1] Chagnon, J. (2018). Approche clinique des troubles instrumentaux : (dysphasie, dyslexie, dyspraxie). Dunod.
[2] Gérard, C. (1993). L’enfant dysphasique. De Boeck Supérieur
[3] Piérart, Bernadette. (2004). Introduction: Les dysphasies chez l’enfant : un développement en délai ou une construction langagière différente ? Enfance
[4] Trouble primaire du langage/dysphasie, une démarche diagnostique novatrice et des outils cliniques. Fréquences, vol. 17, n° 3, août 2005