Haut Potentiel : la peur de réussir
La peur de réussir ou peur de l’échec. On entend parler fréquemment de la peur de l’échec. Je rencontre souvent d’autres profils qui pratiquent un auto-sabotage de leur capacité et notamment un bon lot de hauts potentiels.
Il y a quelques jours, j’écrivais un article sur le courage des hauts potentiels. En effet, ils doivent être courageux, car ils doivent prendre des risques tout en étant hautement conscients des conséquences engendrées par cette prise de risques.
On parle très peu du courage des personnes à Haut Potentiel. Courageux va être facilement associé aux enfants ou personnes touchées par un trouble dys (dyslexie, dyspraxie, dysphasie…), mais tellement rarement aux personnes à Haut Potentiel. Et pourtant !
On comprend aisément la peur de rater, autrement dit la peur d’échouer quelque chose. Lorsque l’on échoue, on est alors envahi par un sentiment très désagréable parce que l’on s’est déçu. Cela joue sur la confiance que nous avons en nous et également sur l’estime que nous avons de nous-même. Une peur de l’échec s’installe alors.
Peur de l’échec ou peur de réussir ?
Chez les hauts potentiels, on retrouve bien sûr cette peur de l’échec, mais je constate surtout chez eux, ce que j’appelle, la peur de réussir, notamment lorsqu’ils sont identifiés.
En effet, lorsqu’ils ont passé un test du QI, on leur bien souvent expliqué qu’ils ont de belles capacités, qu’ils sont équipés pour réussir, qu’ils sont intelligents et quelquefois, on leur a dit aussi qu’ils étaient plus intelligents que la moyenne. Alors comment échouer avec ces si belles capacités ?
Quoi qu’en dise un certain nombre de parents d’enfants HP,et même s’ils savent que scolarité et HP ne font pas bon ménage, ils gardent cet espoir d’une belle réussite scolaire, gardent le rêve de bulletins largement au-dessus de la moyenne… Ils souhaiteraient aussi que cet enfant qu’ils savent brillant dans bien des domaines, soit vu comme tel, qu’il soit reconnu comme tel. Peut-on leur jeter la pierre ? Quels parents ne rêvent-ils pas le meilleur pour son enfant ?
Ces drôles de zèbre, quant à eux, se prouvent bien souvent avec des notes en dents de scie qu’ils ont effectivement de belles capacités. J’en connais un certain nombre qui est capable d’avoir le 18 attendu pour avoir la moyenne dans une matière. Ils font alors juste ce qu’il faut pour avoir cette très bonne note et « Ça passe crème » comme le dit Edouard, élève en 4ème.
Un auto-sabotage
Qu’est-ce que voudrait dire peur de réussir ? Les hauts potentiels (pas tous… ça ne serait pas drôle) se brident. Se mettre à travailler réellement, vraiment, prendre le risque de se mettre à travailler, c’est prendre le risque de ne pas réussir malgré ce beau potentiel qui leur a été annoncé. C’est ce que j’appelle la peur de réussir.
La peur de l’échec est souvent liée à une expérience passée, expérience durant laquelle ils ont été mis en échec. Elle ne m’apparaît pas être du même registre. La peur de réussite trouve sa racine, non pas dans le passé, mais dans un futur hypothétique. Se mettre à travailler vraiment, utiliser son potentiel, en faire quelque chose et ne pas y arriver finalement, voilà cette vraie peur : peur de se décevoir, peur que les capacités si finement mesurées soient une erreur qui les pousse aussi à enfiler la parure du syndrome de l’imposteur. « Et si je n’y arrivais pas, serais-je vraiment qui je suis ? » me demandera Pauline les larmes aux yeux.
L’art de faire compliquer quand on peut faire simple.
On pourrait penser que c’est une simple question de rhétorique et en même temps, avec eux, c’est complètement lié à leur fonctionnement.
Alors, on y va ?
Ils sont aussi mis en difficulté parce que comme ils n’ont jamais vraiment essayé d’apprendre, de mémoriser ; … ils ne savent vraiment comment faire.
Mémoriser et comprendre sont deux gestes mentaux différents. « Je n’ai pas besoin d’apprendre, j’ai compris ». Combien de fois ai-je entendu cette phrase ? Pourtant nombreux sont les hauts potentiels qui ne font pas la différence. Cette méconnaissance leur joue bien des tours.
Comme ils savent qu’ils ne savent pas comment faire, ils décident tout simplement de ne pas faire. Quand je le dis : « alors, on y va, on tente l’aventure ? ». Nombreux sont ceux qui se cramponnent avant de me répondre oui.
Au-delà de leur imagination
Ils sont ceux qui relisent la leçon juste avant le contrôle, ceux qui se mettent à réviser 15 jours avant leur bac, une semaine avant leurs partiels… que dis-je non pas réviser, mais plutôt apprendre ! Quand on leur explique comment faire de manière écologique pour eux, ils arrivent même alors qu’ils s’emballent !
Comme Alexandre qui vient me voir pour avoir des méthodes de travail parce que cette année en terminale, ce n’est pas terrible. Pour être honnête déjà en première, c’était limite. Il commence à se poser des questions sur son avenir et les choix qu’il pourrait faire pour l’an prochain. Il ne veut pas refaire une terminale, il en a marre du lycée. Très conscient qu’il n’a pas un bon dossier, il se croit limité dans ses choix. Nous commençons donc à mettre en place une méthode de travail et le premier pas est de commencer déjà par travailler. Nous y allons tout en douceur, passer d’un temps de travail de 10 minutes à 1h30 serait utopique ! Petit à petit, il trouve certaines choses plus faciles, il se rend compte qu’il est capable d’apprendre des leçons, il se rend compte qu’il est même capable d’apprendre par cœur des mots d’anglais, des expressions, des définitions de biologie… Quand je discute avec lui, il m’avouera qu’il savait qu’il en était capable, mais qu’il avait très peur de lui-même.
Il a réussi à mettre fin à son auto-sabotage, il a appris un peu à vivre avec qui il était, à s’accepter un peu mieux et à utiliser sa différence. Alexandre reviendra un jour en m’annonçant qu’il allait finalement se présenter à un concours, mais pas n’importe quel concours, celui d’une grande école, bien sûr. Il avait réussi en reprenant confiance en ses possibilités à s’ouvrir d’autres possibles. « Un concours, c’est plus facile, il ne regarde pas le dossier et moi, je sais que je peux réussir ». Impensable qu’il envisage cette option il y a encore quel temps !
Avoir des méthodes pour travailler plus efficacement et plus rapidement.
La plupart des enfants « dys » autrement dit ayant des troubles d’apprentissage (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie, TDAH, … ) mettent plus de temps à réaliser leur travail personnel : problème d’organisation, problème d’anticipation, difficulté à planifier, difficulté de restitution… Les Enfants Intellectuellement Précoces rencontrent également différentes problématiques qui sont généralement liés au fait qu’ils sont nettement plus dans un geste de compréhension que dans celui de mémorisation (« j’ai compris donc je sais » )
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