Dyslexie : un pas vers l’autonomie
Comment aider les dyslexiques à aller vers l’autonomie ? Voici un exemple concret pour les aider dans cette voie.
Dysorthographie : exemple de fiche de relecture
« Si je voyais mes fautes, tu penses bien que je les corrigerai » me dit Léa 12 ans dyslexique.
Une dyslexie entraîne une dysorthographie.
Pourquoi ?
Parce que le stade orthographique ne se met pas en place.
Pour apprendre à lire, un enfant passe par plusieurs stades. En premièrement, le stade pictural : le mot est reconnu comme un objet. Puis, le stade phonologique, c’est le stade du b + a = a. Les graphèmes sont convertis en phonème. Enfin, le stade orthographique. A ce stade, l’enfant va lire tous les mots (les réguliers et les irréguliers). Il reconnaît les « éléments » qui composent le mot. Par exemple, il a une reconnaissance grammaticale pour le « ent » à la fin des verbes qui ne se lira pas et sait que le « ent » à la fin de certains adverbes (exemple : actuellement). Il a acquis une analyse rapide du contenu du mot (et donc développer sa discrimination visuelle). Autrement dit, le lexique phonologique permettra de mettre en place un traitement orthographique qui permettra la mise en place d’un lexique orthographique. Il aura donc une représentation visuelle et phonologique du mot. (pour en savoir plus : comment apprend-on à lire ? )
Et chez le dyslexique ?
Comme le lexique phonologique ou la discrimination visuelle ne se met pas en place correctement chez le dyslexique, l’enfant n’atteint pas le stade orthographique correctement. Une dysorthographie s’ensuit. Autrement dit, quand on est dyslexique, on est donc dysorthographique.
Trouver ses fautes d’orthographe et/ou de grammaire devient alors un véritable casse-tête. Orthographier correctement est une situation de handicap pour les personnes dyslexiques. Faut-il 1 « L » à allumer ou « LL », ou faut-il plutôt 2 « M » ?
Quand l’enfant écrit sous la dictée, il faut qu’il puisse analyser la valeur grammaticale des mots mais, il n’a pas le temps de le faire ! Trouver automatiquement le sujet du verbe pour pouvoir l’accorder, se demander s’il faut mettre é ou er, un accent au a ou non… et penser en même temps à analyser phonologiquement les mots pour pouvoir les écrire = mission impossible.
Apprendre à faire une relecture en autonomie
Un premier pas vers l’autonomie
Souvent, les personnes dyslexiques connaissent très bien certaines règles. Par exemple, quand je demande à Léa si elle sait quand il faut mettre à ou a, elle me donne clairement la règle. Lors d’un exercice isolé, tenant compte de cette seule contrainte, elle ne fera aucune erreur. Je fais alors le tour des règles qu’elle connaît très bien et je lui proposer de mettre en place une fiche de relecture.
Léa connait :
a – à
é – er
et sait qu’il faut mettre un s pour les pluriels des noms et des adjectifs. Nous ne cherchons pas pour le moment à complexifier cet accord. Nous nous en tenons à la règle générale, pour mettre au pluriel, il faut mettre un S. Autrement dit, les autres marques du pluriel sont actuellement mise de côté, c’est un choix délibéré : visons déjà ce premier automatisme !
Pour le pluriel, nous établissons une liste des « mots » qui seront des alertes. Pour Léa, il s’agit de : des, les, ses, mes, tes, nos, vos, ces, quelque, plusieurs, deux, trois…,
Voici donc la fiche de relecture que nous mettons en place :
Léa connait bien d’autres règles mais, actuellement les fautes les plus fréquents dans ses copies sont ces 3 premiers points. C’est donc un choix que nous faisons ensemble.
Le contrat est donc le suivant. Cette fiche sera sortie à chaque fois que Léa en aura besoin : lorsqu’elle fait une rédaction et également en histoire-géographie, en SVT… Elle utilisera donc le temps supplémentaire qui lui est accordé pour réaliser cette relecture.
Chaque passage demande une lecture, Léa doit donc relire son texte 3 fois. Il faut un passage par point. Le 4ème point est optionnel. Léa le réalisera suivant le temps qui le restera.
Afin d’aller vers l’autonomie, il est conseillé de lui laisser accès :
– Cahier
– Manuel notamment lorsque celui-ci a, à la fin, un rappel des conjugaisons ou des règles clés (exemple : fleurs d’encre – édition Hachette)
– Dictionnaire : Attention : pour rechercher un mot, il faut en connaître aussi l’orthographe. Néanmoins, c’est un outil qui leur sera permis d’utiliser lors du passage du Diplôme National du Brevet. Il nécessite donc un entraînement.
Voici donc un premier pas vers l’autonomie.
Pour mieux comprendre les difficultés rencontrées par les dyslexiques, continuez votre lecture.