Dyslexie, dyspraxie, dys… EIP, TDAH : les apports de la gestion mentale.

La gestion mentale  et la dyslexie, la dysorthographie, la dyspraxie, la dysphasie, la dyscalculie et le TDAH.

Ceux qui me connaissent savent que je me sers de la gestion mentale depuis un  temps certain et que je trouve que cette pratique est un axe de pédagogie très intéressant puisqu’il respecte le fonctionnement de chaque individu.

Je l’utilise tant avec les enfants qui me sont confiés dans le cadre de mon rôle    d’intervenante en milieu scolaire qu’avec des enfants/adolescents que je suis en coaching.

La gestion mentale est alors un apport complémentaire important, à compléter avec des éléments de travail touchant l’estime de soi, la confiance en soi, les croyances, les valeurs, les sabotages, les  parasitages… Tous ces éléments maillés entre eux peuvent permettre aux enfants/adolescents d’entrevoir (et même de voir) la lumière au bout du tunnel, car ils prennent conscience que d’autres portes peuvent s’ouvrir, que d’autres possibles existent.

Quand ils ont pris conscience de leur fonctionnement, ils peuvent alors prendre la direction de certaines choses : un cerveau averti en vaut deux.

Qui était Antoine de La Garanderie ?

La gestion mentale a été élaborée par Antoine de La Garanderie. Je ne vais pas    détailler toute sa vie, simplement certains aspects qui me semblent justement en lien avec tous ces enfants/adolescents atypiques, dyslexiques, dyspraxiques, dysquelquechose…

Antoine de La Garanderie naît avec une surdité qui ne sera diagnostiqué qu’en    4ème. Il a donc dû s’adapter pour suivre et travailler avec acharnement. Lorsque sa surdité s’aggrave, il connaît l’échec scolaire.

« Si  mon itinéraire scolaire n’avait pas été fortement perturbé par le développement d’une infirmité, aurais-je été sensibilisé à une telle direction de recherche ? »

A. De La Garanderie (Extrait du « Centre de Recherche en Gestion Mentale »)

Cette phrase me touche parce qu’elle me renvoie à mon état de parent : si je n’avais pas été parent d’enfants atypiques aurais-je été creusé tant de pistes ? Continuerai-je à me poser constamment des questions ? Serai-je en perpétuelle recherche ?

Il lui faudra attendre l’âge de 24 ans pour avoir l’explication réelle de cette surdité.

Il était un grand sportif.

Il souhaite devenir enseignant et obtient une licence en philosophie. Le cours de    l’agrégation lui est refusé à cause de sa surdité. Il devient professeur de philosophie, mais ne pourra passer l’agrégation à cause de son handicap.

Il devient, au cours de sa carrière, pédagogue en s’appuyant sur deux éléments :

–         Le geste sportif : on parle d’ailleurs en gestion mentale de gestes mentaux

–         Les bons élèves : comment réussissent-ils ?

 Qu’est-ce que la gestion mentale ?

Il ne me suffirait pas d’une page pour vous l’expliquer.

La gestion mentale est une théorie qui vise à explorer les processus mentaux dans   leur ensemble. Elle procède donc à une analyse cognitive se fondant sur des habitudes mentales.

 

Bien sûr, tous les livres d’Antoine de la Garanderie sont à lire. Pour vous aiguiller, je vous conseillerai de commencer par :

Réussir, ça s’apprend – Antoine de la Garanderie – Editions Bayard

Tous les enfants peuvent réussir – Antoine de la Garanderie – Editions Bayard

Outils d’orthographe (jeux et exercices) – Marc    Albert Moriamé – Editions Namuroises

Le dernier livre permet d’aborder la gestion mentale et surtout propose un support par le biais de jeux  (petits exercices ludiques) pour se lancer dans l’utilisation de l’évocation. La seconde partie du livre, concernant les exercices à proprement parler d’orthographe, n’utilise pas la gestion mentale à proprement parler.

 

La gestion mentale nous apprend qu’il faut connaître son équipement pour savoir l’utiliser. Elle nous dit aussi, ce que les parents d’enfants « dys » savent déjà, qu’il n’y a pas de méthode unique et que les progrès sont toujours possibles. Faut-il encore avoir conscience de cet équipement !

Connaître son équipement, c’est avant tout connaître ses lieux de réussite. Bien souvent, avec les enfants dys, le travail est de partir, de « travailler » leur difficulté, omettant qu’ils ont des points forts. Ce sont bien sûr ces points forts sur lesquels le travail doit s’appuyer.

S’ils réussissent certaines choses : comment s’y prennent-ils ?

Apprendre est un terme trop vague.

 

Si je prends la définition du dictionnaire Larousse, voici ce que je lis :

Apprendre (latin apprehendere, saisir, prendre)

–         Acquérir par l’étude, par la pratique, par l’expérience une connaissance, un savoir-faire,    quelque chose d’utile : Apprendre l’anglais. Un enfant qui apprend facilement.

–         Être informé de quelque chose que l’on ignorait : je viens d’apprendre sa mort.

–         Enseigner à quelqu’un quelque chose, lui faire acquérir une connaissance, un savoir-faire, une expérience : Il essayait de leur apprendre le dessin.

–         Communiquer une information à quelqu’un, lui faire savoir quelque chose : Il nous a appris qu’il avait réussi.

 

Dans aucune de ses définitions, je ne trouve de réponse aux questions    suivantes :

Comment ? Dans quel objectif ?

Dans la vie quotidienne, j’entends : « Tu as appris ta leçon ? » « Tu as révisé ton cours ? » ou encore    « Travaille ! », « Concentre-toi ! » ou son analogue    « Fais un peu attention ! »

Alors : Comment ?

Pour apprendre, il y a, selon Antoine de la Garanderie, 5 gestes mentaux :

–         Geste d’attention

–         Geste de mémorisation

–         Geste de compréhension

–         Geste de réflexion

–         Geste d’imagination créatrice.

 

Le maître-mot de la gestion mentale est l’évocation. Il n’y a pas d’apprentissage sans évocation.

La première étape est donc l’évocation. Pour bien apprendre, il faut donc que je sache comment j’évoque :

–         En voyant des images dans ma tête ?

–         En voyant un film dans ma tête ?

–         En entendant un discours dans ma tête ?

–         En m’entendant parler dans ma tête ?…

Évoquer, cela veut donc dire faire vivre dans sa tête ce que nos yeux ont vu, nos oreilles entendues, nos mains touchées, notre nez senti, … sans être en présence de ce que j’ai vu, entendu… « dans ma tête », c’est lui donner une existence mentale en toute conscience.

Si je vous demande de penser au mot « Chocolat »,

Certains verront une tablette de chocolat, d’autres auront le goût de la bouche,  d’autres encore verront le bol de chocolat du matin de leur enfant, d’autres  une tablette enveloppée, d’autres verront le mot « Chocolat » s’inscrire devant leurs yeux,  d’autres entendront la comptine « maman est haut qui fait un gâteau, papa est en bas qui fait du chocolat »….

Ce n’est pas parce que je pense à une (bonne) tablette de chocolat noir – quand on me dit le mot « chocolat » – que mon évocation est meilleure que mon voisin qui lui verra entendra la comptine « maman est haut qui fait un gâteau, papa est en bas qui fait du  chocolat ». Sa manière d’évoquer est personnelle et n’est pas adaptable à un autre.

Il faut donc respecter le fonctionnement de l’autre (et personnellement, je    trouve que c’est justement ce qui s’intègre parfaitement au coaching puisqu’un coach n’impose pas sa propre vision).

C’est donc grâce à l’évocation que l’enfant ou l’adolescent rend mentalement présent le monde qui l’entoure (réel ou celui qu’il invente). Les évocations sont donc très personnelles puisqu’elles sont en dehors de l’objet perçu, intérieures à lui-même (dans sa tête à lui).  Certains parlent de « souvenir ». Il s’agit bien de se souvenir de certaines choses, celles que l’on a choisies, celles que l’on souhaite garder dans sa tête.

On se souvient facilement d’un bon souvenir. Tiens d’ailleurs, si je vous demande de penser à un bon souvenir : êtes-vous capable de le faire ?

Bien sûr que oui ! Tout le monde est capable d’évoquer. Il se peut même que le temps de lire, « je vous demande de penser à un bon souvenir », quelque chose ait « jailli » là devant vous : des mots, des images, un film qui s’est déroulé devant vos yeux, vous vous êtes peut-être entendu vous le raconter et peut-être même ressenti ce sentiment de joie et de bonheur qui l’accompagnait. Bref, votre cerveau est bien équipé pour évoquer.

La seconde étape est de se mettre en projet.

C’est-à-dire quel est l’objectif visé ? Celui que l’on doit atteindre.

Le projet est intérieur, il faut avoir le projet d’évoquer (mettre dans tête pour dans une semaine, pour un examen, pour dans 3 mois…)

Quelle stratégie devra-t-on mettre en place pour réaliser au mieux ce projet ? Autrement dit, quels éléments sont pertinents par rapport à ce projet, lesquels ne le seront pas ou de manière moindre : on aborde alors la notion de tri. C’est d’ailleurs cette notion de tri qui est difficile pour les enfants ayant un TDA ou TDAH et nécessite un travail sur le geste d’attention en autres.

C’est ce projet qui donnera du sens à l’apprentissage.

Il n’y a pas de gestes mentaux sans évocation : autrement dit, on ne peut  être attentif, mémoriser, comprendre ou réfléchir sans projet spécifique.

Je vais évoquer pour… pour en faire quelque chose : mais quoi ? Comme j’ai un objectif, j’ai donc un projet d’en faire quelque chose (ce que j’ai choisi d’en faire).

Si j’ai comme projet de lire un texte pour répondre à des questions, je n’ai pas  le même projet que, lorsque je vais lire un livre pour me faire plaisir. Il en découle alors la notion de mise en projet : quand je vais lire mon texte pour répondre à des questions, j’ai le projet de mettre des informations dans ma tête pour « après » pouvoir répondre aux questions. Je peux donc choisir de mettre    certaines informations du texte et choisir une stratégie pour arriver à répondre aux questions.

La dernière étape est la production.

La production permet de contrôler ce qui a été mis dans ma tête. C’est une restitution.

Elle va être dépendante de l’évocation : de sa qualité, de la stratégie choisie, de sa fiabilité…

Que voyez-vous dans votre tête ? Qu’entendez-vous dans votre tête ?

Dans cette étape, on se rend compte de différence notamment entre : maison/école, exercice/contrôle, contrôle/examen et également seul/groupe, oral/écrit.

C’est ce que font les enfants lors d’un contrôle au sein de la classe. Vous comprenez alors que si les éléments n’ont pas été mis correctement dans leur tête, s’ils n’ont pas eu le projet de faire quelque chose avec ce qu’ils ont mis dans leur tête, la production est alors échouée.

Comme je l’ai déjà dit, il est défini 5 gestes mentaux en gestion mentale  (geste d’attention, geste de mémorisation, geste de compréhension, geste de réflexion, geste d’imagination créatrice). Tous les gestes mentaux sont de nature évocatrice.

Tout le monde, très tôt, élabore des habitudes mentales (des méthodes qui lui    sont propres). Les évocations sont alors faites spontanément ou de manière dirigée quand on veut installer dans sa tête quelque chose de nouveau (ou de modifier de l’ancien). On peut donc et ce, à tout âge, acquérir ou développer de nouvelles habitudes mentales qui permettront de déployer ses performances.

Le geste d’attention consiste en l’évocation d’un objet toujours présent en perception.

Le geste de mémorisation consiste en l’évocation d’un objet dans l’objectif de l’avoir dans sa tête dans le futur.

Le geste de réflexion consiste en un va -et- viens qui va comparer les évocations (nouvelle évocation avec évocations existantes)

Le geste de compréhension consiste en la traduction dans son propre langage mentale

Le geste d’imagination créatrice consiste en la projection d’une autre réalité que celle que nous percevons.

La fabrication de tous ces gestes est personnelle et on ne peut appliquer une méthode unique pour la coller à quelqu’un d’autre. Il faut alors accepter une introspection personnelle pour comprendre comment on fonctionne pour pouvoir, après, réaliser ses propres modèles dans des situations précises.

 

Antoine de la Garanderie était un grand sport et c’est pourquoi il a retenu le    terme de geste. Dans le même esprit, comme nous avons appris à faire du vélo, des rollers, de la musique, … on peut apprendre :

–         A être attentif et à plus être attentif

–         A mémoriser et à mieux mémoriser

–         A réfléchir et à mieux réfléchir

–         A comprendre et à mieux comprendre

–         A imaginer et être plus imaginatif.

On peut donc s’entraîner à réaliser des gestes mentaux et les développer.

Pourquoi je pense que cette méthode est adaptée aux enfants dys et TDAH ?

Parce que cette méthode est une économie d’énergie. Si je sais comment je fonctionne pour mieux apprendre, mieux réfléchir, être plus attentif, je peux y aller directement. L’investissement pour celui qui travaille en gestion mentale est motivant car les efforts seront en relation avec le résultat attendu (avec son projet).

Bien souvent les enfants dys et encore plus les adolescents sont fatigués en fin de journée. Les devoirs deviennent alors une véritable corvée et malgré bien des efforts, leur niveau de réalisation reste trop souvent médiocre. La gestion mentale devient alors une « méthode » qui permet de réduire ce temps de travail et surtout de parler d’efficacité parce que :

Lire pour lire, ça ne sert à rien.

Écouter pour écouter, ça ne sert à rien

Regarder pour regarder, ça ne sert à rien.

J’ai encore eu un exemple récent avec un jeune adolescent qui avait eu une mauvaise note :

Comment avais-tu fait pour apprendre ta leçon ?

Je l’ai révisée.

Ça veut dire quoi pour toi  « réviser » ?

Je me la suis lu  plusieurs fois.

Et après, tu as fait quoi ?

Je l’ai récitée à maman.

Et alors ?

Ben, je ne la savais pas trop.

Et qu’est-ce que tu as fait pour mieux la savoir ?

Je l’ai relu encore plusieurs fois.

Et après ?

Je suis retourné la réciter à maman.

Et c’était mieux.

Pas  vraiment.

Alors qu’est-ce que tu as fait ?

J’en avais marre et  puis j’avais encore d’autres devoirs.

Combien de temps as-tu passés en tout sur ta leçon ?

J’ai passé presqu’une heure…

Il regarde sa note : c’est pas cher payé !

Bilan : la leçon n’est pas sue et les autres devoirs ont été bâclés parce qu’il en avait marre.

Combien d’enfants se retrouvent dans cette situation ?

Combien de parents sont lassés du manque de méthode de leur enfant ?

Et généralement : que se passe-t-il ?

–         Tension entre parent/jeune

–         Démotivation du jeune

–         Parent qui tente de lui donner sa méthode… celle qui a marché pour lui

Sans parler des « Mais, c’est facile », « c’est évident »…    qui ne font que renvoyer au jeune un sentiment de nullité entraînant une baisse d’estime de lui-même. Or, la confiance en soi et l’estime de soi se gagnent (se développent) dans des lieux de réussite : plus je réussis et plus je pense que j’ai des chances de réussir. Je vous invite donc à vous demander : c’est facile pour qui ? C’est évident pour qui ? Que veut dire facile ? Que veut dire évident ?

 

Revenons sur le « moins de temps » : si je pars du principe qu’il  passe une heure sur une leçon et que le résultat attendu n’est pas là, en lui proposant une méthode (liée à son fonctionnement), il est clair qu’il va nécessairement gagner du temps. De plus, quand  j’entends qu’un enfant en primaire travaille une heure et demie voire deux heures chaque soir parce qu’il est en échec scolaire, je ne peux que m’interroger sur :

–         Sa fatigabilité qui n’est pas prise en compte : 6 heures d’école + 2 heures de devoirs =  8 heures dans une journée. Ce n’est même pas ce que font généralement les adultes ! alors comment un enfant doit-il gérer cela ?

–         La méthode mise en place : comment est-il possible qu’en primaire un enfant puisse passer deux heures dans des devoirs ? Où sont ses lacunes ? comment peut-on réduire ses lacunes ? N’y a-t-il pas des liens entre ses différentes lacunes ?

–         La motivation de cet enfant : pour travailler deux heures en plus, il faut quand même être sacrément motivé et être donc capable de faire d’énormes efforts et en même temps, est-ce vraiment motivant de travailler plus que les autres tout en étant en échec scolaire ? N’y a-t-il pas une opposition entre faire des efforts et échec ?

 

On laisse trop souvent croire à ces enfants que les mauvaises notes sont une fatalité.

J’entends aussi un enfant me dire : « et pourtant, j’avais compris ! ». Il y a une sorte de colère dans son regard. « Tu sais, j’avais compris », appuie-t-il. « Tu me crois ? » Bien sûr,  je le crois, je le crois quand il me dit qu’en classe quand sa maîtresse a expliqué, il avait compris. La croyance comme quoi il suffit de « comprendre » cause encore bien des dommages.

Or, on oublie trop souvent que c’est parce que je sais faire quelque chose que j’y ai accès (et donc que je vais être motivé… tiens, on en arrive à cette fameuse motivation) que, je vais être capable de faire quelque chose. On est donc dans le versus de « quand on veut, on peut ». La théorie de la gestion mentale nous rappelle que c’est donc bien parce que l’on peut, que l’on veut.

C’est quand on peut,

qu’on veut !

Petit rappel des postulats de Burns qui est la base de la pédagogie différenciée:

  1. Il n’y a pas 2 apprenants qui progressent à la même vitesse
  2. Il n’y a pas 2 apprenants qui soient prêtes à apprendre en même temps
  3. Il n’y a pas 2 apprenants qui utilisent les mêmes techniques d’étude
  4. Il n’y a pas 2 apprenants qui résolvent les problèmes exactement de la même manière
  5. Il n’y a pas 2 apprenants qui possèdent le même répertoire de comportements.
  6. Il n’y a pas 2 apprenants qui possèdent le même profil d’intérêt
  7. Il n’y a pas 2 apprenants qui soient motivés pour atteindre les mêmes buts.

 

Dyslexie, dyspraxie, dysphasie, dyscalculie, dysorthographie, TDAH et gestion mentale.

La gestion mentale nous apprend qu’il faut connaître son équipement pour savoir l’utiliser.

La question qui me vient à l’esprit est alors que «  quel est l’équipement des enfants ayant des troubles d’apprentissage » ?

S’ils ont des dysfonctionnements peuvent-ils alors utiliser la gestion mentale ?

Connaître son équipement : cela veut dire quoi en fait ?

 

En fait, en gestion mentale, connaître son équipement veut dire avoir conscience de son fonctionnement interne, de sa manière d’évoquer.

Bien souvent, on entend dire : il est auditif, il est visuel, il est kinésique… Ces idées sont en lien avec la PNL (Programmation Neuro-Linguisitique) et, en général, les gens n’ont qu’une vague idée de ce que cela veut dire.

 

Évoquer veut dire se faire dans sa tête des représentations mentales. On se représente donc des choses, des mots, des événements… Revenons à notre tablette de chocolat.

Quand vous avez vu le mot « chocolat », que s’est-il passé dans votre tête ?

–         Vous êtes-vous répéter le mot le chocolat ?

–         Vous avez vu une image dans votre tête ?

–         Vous vous êtes vu en train de manger du chocolat comme dans un film dans lequel vous seriez le personnage principal ?

–         Vous avez vu quelqu’un d’autre que vous avec du chocolat ?

–         ….

 

On parle alors de familles évocatives.

Il y a deux grandes familles :

La famille des visuels : (V) :

Ce sont des personnes qui pensent d’abord avec des images et qui complètent avec des mots.

Le sens est porté par l’image.

 Les mots viennent compléter l’image. Ils ont fonction de fixation (à l’image d’une punaise). Il peut y avoir beaucoup de mots ou peu de mots.

La famille Auditif  (ou Verbal)

Ce sont des personnes qui pensent d’abord avec des mots et qui prolongent avec des images.

Les sens est porté par les mots.

L’image vient alors prolonger les mots ou le discours. Elle a fonction de fixation (à l’image d’une punaise). Il peut y avoir beaucoup d’images, une vague impression d’image, ou pas d’image.

 

On est donc bien loin du « je suis un auditif » comme on entend souvent. Il y a des « auditifs » qui ont l’impression d’être dans la catégorie d’évocation des Visuels, car ils voient des images dans leur tête. Ils ne se rendent pas compte alors que leur évocation commence par la « fabrication » d’un discours interne et qu’elle se prolonge par une image. Il est bien normal de ne pas s’en rendre compte immédiatement, cela est le fruit d’un travail et comme tout fruit, il prend un certain temps pour arriver à maturation (faut-il encore que l’on lui ait donné suffisamment de nutriments pour qu’il puisse se développer, faut-il encore qu’on l’ait suffisamment arrosé, faut-il encore que quelques ravageurs ne soient pas venu l’abîmer… ! )

 

On comprend alors que l’on est obligé de respecter son fonctionnement interne.

 

Si je suis dans la famille Auditif, je ne peux m’empêcher de me parler ou d’entendre parler pour me fabriquer des images. Il me faut des mots et si l’on me propose des images, mes évocations sont alors de moindre qualité. Or, des évocations de moindre qualité ne sont pas fiables, elles sont incomplètes et/ou fausses, le résultat est alors moindre, peu fiable, incomplet ou faux et subsistent alors une impression de ne pas être véritablement à l’aise avec ce que l’on a dans la tête.

Je ne peux aller contre mon propre fonctionnement, celui de mon cerveau et si je le force à réfléchir autrement que comme il en a l’habitude, je n’évoque pas de la bonne manière et sans évocation, pas d’apprentissage !

Sans évocation, pas d’apprentissage.

Il est donc capital de respecter le fonctionnement de chacun et de ne pas imposer le sien : c’est voué à l’échec. D’autant plus qu’un fonctionnement n’est pas meilleur qu’un autre, ils ont chacun leurs points forts et leurs points faibles.

Remarquez comme les gens ont souvent tendance à penser qu’ils ont la bonne méthode, la leur bien sûr, parce qu’elle fonctionne pour eux. Effectivement, ils ont trouvé leur méthode, celle qui marche pour eux… pas pour les autres : nous sommes tous différents et nous avons donc tous un fonctionnement différent. Il serait faux de penser qu’avec quelques similitudes, on peut « être pareil que ».

 

Et oui, vous êtes en train de vous interroger en vous demandant si vous aussi vous n’ imposez votre propre méthode à votre enfant pensant que comme elle a « marché » pour vous, elle peut fonctionner aussi pour lui ? Vous vous interrogez sur le fait qu’elle ne « marche » pas bien pour lui…  Peut-être est-ce simplement le fait qu’il ne fonctionne pas comme vous (surement d’ailleurs car même dans une même famille évocatrice, il existe des différences) ?

Quel rapport avec les enfants ayant des troubles d’apprentissage ?

 

Simplement que grand nombre de parents essayent d’adapter leur propre méthode de travail sur leurs enfants. Ils pensent qu’ils vont ainsi leur faire l’économie de cette recherche interne. Je ne jette pas la pierre, je pense (je suppose) que tous les parents d’enfants atypiques l’on fait, moi y compris !

Or, si cela peut passer pendant un certain temps, et je pense aussi aux EIP qui  manquent singulièrement de méthode, il arrive un moment où la source se tarit et l’eau ne coule plus qu’au compte-gouttes.

 

Avec un enfant dyslexique, dyspraxique, dys… il y a un certain nombre d’éléments à mettre en place : les devoirs qui prennent du temps, les rééducations à assurer, les rendez-vous à droite ou à gauche … avec cette impression de constamment courir après le temps et la fatigue qui devient comme une habitude. Trop de choses ! On ne peut pas tout faire… et en même temps, la mise en place de la gestion mentale peut se faire au fil du temps, cette méthode sert même dans la vie quotidienne !

 

Et comment un enfant dyslexique peut mémoriser plus rapidement une leçon (grand nombre de dyslexiques ont des soucis de mémorisation) si l’on ne lui a pas expliqué, comment lui peut « agir », faire un véritable acte pour justement mieux mémoriser les choses, s’il ne sait pas comment il fonctionne et l’action  consciente qu’il peut avoir ? Il va continuer à répéter sa leçon, répéter, répéter… en se la martelant comme s’il allait finalement arriver à la faire rentrer dans sa tête à l’aide d’un marteau. Il va alors s’accrocher un temps puis va fatiguer et se lasser… que d’effort pour s’entendre dire que : c’est une question de travail !

En fait, c’est en grande partie une question de méthode. Imaginez l’impact sur sa motivation.

 

Et comment un enfant dyspraxique visuo-spatial peut-il arriver à avoir des représentations mentales (visuelles) fiables ? Il a peu de chances de les améliorer si l’on ne lui explique pas comment il peut avoir accès à des évocations. Il a des souvenirs dans sa tête donc il est capable d’évoquer et de s’en servir pour raconter ses souvenirs.

 

Et un enfant ayant un TDAH ? La gestion mentale parle de geste d’attention, peut-on améliorer certaines choses sachant que ces enfants ne réalisent pas de tri ?

 

Ce que je constate est que la gestion mentale est une base pour fournir une méthode, car elle permet essentiellement une réelle économie d’énergie pour ces enfants.

Les EIP l’adoptent rapidement, il la trouve simple et efficace.

Une base sous-entend qu’elle n’est que les fondations d’une maison. Il reste encore à construire la maison elle-même et qu’en même temps, sans base, sans fondations solides, on ne peut construire une maison et encore moins lui mettre des étages sans risque d’effondrement.    Je me permets donc de remettre une des phrases que j’avais écrite au début : La gestion mentale est alors un apport complémentaire important, à compléter avec des éléments de travail touchant l’estime de soi, la confiance en soi, les croyances, les valeurs, les sabotages, les parasitages…

Lutte contre les idées reçues :

–         Ce n’est pas en copiant X fois un mot que je vais le retenir.

Tant que je suis dans la copie, je reste dans la perception. Tant que je suis en    perception, je n’ai pas de mémorisation. Je mémorise quand je ne vois plus le mot. Le fait de copier risque alors de bloquer l’évocation.

Donc copier pour copier, ça ne sert à rien.

1 – Je regarde le mot : ses difficultés, les lettres qui le composent… pour avoir le projet de le mettre dans ma tête pour savoir l’écrire avec une orthographe correcte.

2 – Je ne regarde plus le mot et je le mets dans ma tête : je le mets en images ou je me fais un discours ou encore je mets mes mots sur l’image du mot que je vois dans ma tête ou je mets une image sur les mots que je me suis dits.

3 – Je me vois en train d’écrire ce mot correctement (je peux même l’écrire à  blanc avec ma main si j’en ai envie).

4 – Je prends une feuille de papier vierge ou un cahier de brouillon et un stylo.  Je pose le stylo et avant d’écrire je revois le mot que j’ai mis dans ma tête.

5 – J’écris le mot.

6 – Je cache le mot que j’ai écrit et je regarde le mot qu’il m’était demandé d’apprendre (dans mon agenda, livre…).

7 – Je les compare dans ma tête. Si je pense que je ne l’ai pas écrit correctement, je le regarde à nouveau et le cache. Je mets dans ma tête (je le mets en images ou je me fais un discours ou encore je mets mes mots sur l’image du mot que je vois dans ma tête ou je mets une image sur les mots que je me suis dits) le mot avec cette nouvelle prise d’indices.

8 – Je prends une feuille de papier vierge ou un cahier de brouillon et un stylo. Je pose le stylo et avant d’écrire je revois le mot que j’ai mis dans ma tête.

9 – J’écris le mot.

10 – Je cache le mot que j’ai écrit et je regarde le mot qu’il m’était demandé d’apprendre (dans mon agenda, livre…).

11 – Je les compare dans ma tête. Si, je pense que je ne l’ai pas écrit correctement, je reprends au point n° 7. Si, je pense que je l’ai écrit correctement, je me vois en train de l’écrire en classe avec mon professeur et mes camarades de classe.

–         Ce n’est pas en relisant ma leçon X fois que je vais la retenir.

On voit souvent les enfants se répéter inlassablement la lecture de leur leçon.

Et quand on leur pose une question… rien ou bof !

La leçon n’est pas dans leur cahier, elle doit être dans leur tête.

–         Ce n’est pas en apprenant au dernier moment que je saurai.

Combien d’enfants croient qu’en apprenant au dernier moment, ils tiendront mieux les choses, qu’ils les sauront mieux et les auront mieux dans leur tête ?

Quand on a deux pages, cinq pages, dix pages à retenir (mémoriser et comprendre pour savoir utiliser après), notre cerveau ne peut retenir toutes les informations d’un seul coup. Trop d’informations à ingurgiter d’un seul coup obligent notre cerveau à faire une sélection (il en rejette donc une partie). Peut-on manger un éléphant d’un seul coup ? Non, pour le manger, on va le découper en plusieurs parties et les manger petit à petit.

Cette page n’est pas une méthode, elle n’est pas non plus un résumé de ce qu’est la gestion mentale, elle n’est qu’une approche basique pour vous permettre de vous ouvrir d’autres portes, d’autres solutions et donc d’autres possibilités.

Pour les enfants et les adolescents : Stage de « méthodologie » : ici

Première publication : Avril 2011
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