TDAH : Hyperactivité ou agitation

Hyperactivité ou agitation extrême,

faire le bon diagnostic

John (le prénom a été changé) raconte que son fils, aujourd’hui adolescent, a été diagnostiqué TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) à l’âge de 6 ans. « Dès la crèche, nous savions qu’il était différent. Il a toujours été « trop » : trop agité, trop excité. Nous avions le sentiment d’avoir des triplés au lieu d’un seul enfant », explique-t-il.

Il a été suivi par des psychologues, des psychomotriciens, des psychiatres. Les progrès sur le plan physique ont été spectaculaires, malheureusement ses rapports aux autres ont été de mal en pis. « Très sensible, mon fils a beaucoup de mal à comprendre le monde dans lequel il évolue », poursuit son père.

Le TDAH (que l’on résume abusivement par le terme « hyperactivité » alors que ce symptôme n’est pas toujours présent), associe des difficultés à se concentrer, une forte impulsivité et une agitation incessante. Le diagnostic ne peut être fait avant 6 ans, même si on peut en repérer les premiers signes dès le plus jeune âge. L’étude menée par le pédopsychiatre Michel Lecendreux et ses collaborateurs (parue dans le Journal of Attention Disorders en août 2011) montre que le TDAH concerne entre 3,5 % et 5,6 % des enfants de 6 à 12 ans. Ces enfants sont plus enclins à souffrir de troubles des conduites et de troubles oppositionnels que les autres.

Non dépistée et non traitée, cette affection entraîne des problèmes d’apprentissage, des souffrances familiales, un rejet social et des conduites addictives à l’adolescence.

DÉLAI MOYEN DE TRENTE MOIS

Néanmoins, tous les enfants agités ne sont heureusement pas tous atteints de ce trouble. Certains risquent-ils d’être qualifiés d’hyperactifs à tort ? « En France, nous disposons d’une évaluation plus rigoureuse qu’aux Etats-Unis, où beaucoup d’enfants sont considérés comme hyperactifs alors qu’ils ne le sont pas », assure Alain Braconnier, pédopsychiatre.

« En France, nous disposons d’une évaluation plus rigoureuse qu’aux Etats-Unis, où beaucoup d’enfants sont considérés comme hyperactifs alors qu’ils ne le sont pas » Alain Braconnier, pédopsychiatre

Pédopsychiatre également, Agnès Pargade, ajoute : « La différence entre un enfant très turbulent et un hyperactif est que le premier peut se calmer si on le lui demande de façon énergique alors que le second, lui, ne pourra contenir son besoin de bouger, de s’emparer des objets autour de lui. »

Pour Christine Gétin, présidente de l’association TDAH-France, si l’hyperactivité est souvent bien identifiée, le trouble TDAH serait quant à lui sous-diagnostiqué, et ce diagnostic ne serait posé qu’à l’issue d’un long parcours. « Les médecins traitants ont trop tendance à penser que ces symptômes sont transitoires. Par ailleurs, les services de psychiatrie manquent de moyens, et peu de médecins sont réellement formés à l’évaluation et au diagnostic de ce trouble », considère-t-elle.

Une étude publiée en novembre 2011 et menée par l’association montre d’ailleurs qu’il existe un délai moyen de trente mois entre le moment où les parents commencent des démarches face aux difficultés de leur enfant et celui où le diagnostic est posé. De son côté, le docteur Braconnier reconnaît qu’il existe des enfants qui se situent à la frontière de l’extrême agitation et de l’hyperactivité :« Dans tous les cas, c’est l’intensité des troubles, leur répétition et leur impact sur la vie de l’enfant et de la famille qui fera la différence. Les pédopsychiatres ont parfois besoin de prendre du temps avant de poser un diagnostic. L’enfant n’est pas une machine ! »

Source : lemonde.fr, publié le 3/03/2012, par Christine Angiolini

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