Les conséquences scolaires de ces troubles neurovisuels sont multiples. Pourquoi ces troubles neurovisuels sont-ils si gênants, notamment dans les situations d’apprentissage ? Quelles sont leurs conséquences sur l’apprentissage ?
Les troubles neurovisuels sont souvent associés à un trouble des apprentissages de type dyslexie, dyspraxie, dysphasie ou encore TDA/H.
Nous allons voir les conséquences scolaires des troubles neurovisuels dans plusieurs domaines, notamment la lecture, la copie, et le calcul.
Les conséquences scolaires des troubles neurovisuels dans la lecture
Pour lire, plusieurs éléments essentiels sont comme :
- La discrimination phonétique qui permettra de faire une conversion graphème-phonème, autrement dit d’associer un son à une ou plusieurs lettres : acquérir une conscience phonémique
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Pour mieux comprendre comment cette conversion graphème phonème se met en place.
- La discrimination visuelle qui permettra la reconnaissance des lettres et des suites de lettres qui correspondent au code phonémique. Cette discrimination permettra l’identification de la combinatoire des lettres et notamment l’ordre des lettres. Effectivement, on ne lit pas la même chose quand il est écrit an ou na, la prononciation change. Dans cette discrimination visuelle intervient aussi dans le fait de lire de gauche à droite, autrement dit dans la prise en compte de l’ordre temporel et faire preuve d’attention spatiale.
- L’attention sélective : elle est importante au niveau auditif pour prêter une attention focalisée sur les différents sons et au niveau visuel pour prêter une attention focalisée sur les lettres et leur combinaison.
Rappel : l’attention sélective
L’attention sélective permet de se focaliser sur un seul point. Elle implique d’ignorer les autres éléments présents et de mettre de côté les informations non pertinentes. Nous avons deux types d’attention sélective :
- Une attention sélective auditive : c’est celle qui nous fait suivre, participer et écouter une conversation dans un restaurant dans lequel il y a du monde. C’est également dans le cadre scolaire, celle qui permet à l’enfant d’écouter son professeur dans une classe alors que des élèves derrière lui bavardent, ….
- Une attention sélective visuelle : c’est celle qui nous permet de faire le choix d’une scène visuelle. Par exemple, celle qui permet de regarder une personne au sein d’un groupe sans tenir compte des autres personnes environnantes. Autre exemple, celle qui permet à l’enfant de se focaliser sur son enseignant lorsqu’il est en classe en éliminant les autres éléments visuels qui pourraient le distraire (camarade qui bouge par exemple) ….
Généralement, on dit que c’est celle qui nous permet de mettre de côté pour mieux cibler.
Pour lire le mot écureuil, il faut, outre la connaissance du code phonémique, que nous analysions le mot : de gauche à droite.
é cu reuil
Admettons que mes saccades oculaires soient efficientes, il n’en reste pas moins que la dernière syllabe comporte 5 lettres différentes qu’il me faudrait discriminer rapidement. Il faudrait donc qu’en une saccade oculaire et une fixation, j’ai réussi à analyser la combinaison des 4 lettres qui composent le son « euil ».
Il faut donc que ma fixation oculaire puisse être suffisamment « large » pour contenir 5 lettres. En gros, il faut qu’en « un coup d’œil » très rapide, nous soyons capables de voir ses 4 lettres dans l’ordre pour identifier le graphème « euil » (et donc prononcer le son qui convient).
Cela est dépendant de la capacité de mon empan visuel.
Rappel : empan visuel
L’empan visuel est le nombre de lettres que je suis capable de voir en une fixation oculaire. En début de Ce1, il est en moyenne de 3 lettres, puis il va progresser pour à l’âge adulte être d’environ une dizaine de lettres.
… »nous n’identifions vraiment que de dix à douze lettres par saccade. […] Il est certes possible de s’entraîner à optimiser nos saccades oculaires, la plupart des bons lecteurs qui lisent aux alentours de 400 à 500 mots par minute, sont proches de l’optimalité. »
Stanislas Dehaene (Les neurones de la lecture / p 40 et 42)
Donc en situation de lecture, voici ce que nos yeux doivent faire :
Nous posons notre regard sur le début de la phrase. Pour le début du paragraphe dans le cadre d’un texte, nous le posons en haut, à gauche, sur la première ligne.
Nos yeux réalisent une saccade oculaire de 2 lettres puis fixent (pour le lecteur débutant). Si je suis un lecteur adulte (expérimenté), en une saccade oculaire puis une fixation, je « lis » au moins 6 lettres donc directement « un petit ». C’est ce qui donne souvent l’impression d’une lecture globale. Or, la lecture globale n’existe pas. Cette impression est donnée par le fait que mon regard saccade correctement et que je suis capable d’avoir un empan visuel efficient.
… « cela ne fait aujourd’hui plus de doute : le contour global des mots ne joue pratiquement aucun rôle dans la lecture. La reconnaissance visuelle des mots ne repose pas sur une appréhension globale de son contour, mais sur sa décomposition en éléments simples, les lettres et les graphèmes. »
Pour compléter votre lecture
Vous pouvez visionner cette vidéo de S. Dehaene (durée : 1h)
Pour lire la suite, nos yeux doivent s’orienter vers la droite, sans le sens de la lecture. Puis ils doivent réaliser une nouvelle saccade pour pouvoir fixer le « pe » de petit.
Nous devons également prendre en compte l’aspect spatial de la lettre « p » ».
p ce n’est pas q ou bien b ou d. La barre formant le p a un certain emplacement. Il faut donc que nous discriminions finement cette lettre pour l’identifier correctement.
Si nous ne discriminions pas correctement visuellement les lettres, nous n’associerions, donc, pas le bon son et cela n’a rien à voir avec un problème phonologique.
Exemples de confusions visuelles
Autrement dit, outre la discrimination phonétique, lorsque nous lisons l’une des tâches les plus importantes passe par des mouvements oculaires efficients. Ce sont aussi ces mouvements oculaires qui nous permettront de discriminer visuellement le bon son.
Pour lire, nos yeux doivent être capables de réaliser des saccades, des fixations et des poursuites oculaires.
Sans cette habilité, la lecture est forcément extrêmement coûteuse et demande beaucoup d’attention. Quand le texte est long, l’enfant pourra faire attention au tout début. Discriminer chaque lettre, les mettre dans l’ordre, lui demande beaucoup d’attention. Une fatigue cognitive s’installe et il commence à faire des erreurs. De plus, si ses saccades et ses fixations oculaires ne sont pas efficientes, il va sauter des mots, des morceaux de mots, sauter des lignes. Il va donc commencer à perdre le sens du texte et sa compréhension en sera altérée. Les ressources attentionnelles s’amenuisent, et plus elles s’amenuisent plus il est difficile pour l’enfant de procéder à une discrimination visuelle fiable.
L’impact des troubles neurovisuels sur la lecture
L’enfant saute des lignes, il se perd dans le texte et ne reprend pas au bon endroit.
Lire l’article : la lecture, un problème de stratégie du regard >>>
Les conséquences scolaires des troubles neurovisuels dans la copie
Comme pour la lecture, lors de la copie, l’enfant doit prendre des indices visuels. Ces indices se trouvent sur un support (tableau, livre, document…); autrement dit, comme pour la lecture, ses yeux doivent faire des saccades, des fixations et des poursuites oculaires.
Comme nous l’avons vu précédemment pour la lecture, pour copier, il faut en premier lieu poser son regard sur le début de la phrase. Pour le début du paragraphe dans le cadre d’un texte, nous le posons en haut, à gauche, sur la première ligne.
Nos yeux réalisent une saccade oculaire de 2 lettres puis fixent. Si je suis un lecteur adulte, en une saccade oculaire puis une fixation, je « vois/lis » au moins 6 lettres donc directement « un petit ». Nous pouvons donc copier les indices visuels que nous avons pris. La mémoire de travail joue également un rôle important dans cette tâche. En effet, il va falloir que nous gardions en mémoire notre indice visuel pour pouvoir le recopier avec justesse.
Rappel : la mémoire de travail
La mémoire de travail (ou à court terme) est une mémoire primaire. Elle est un système dont la capacité est limitée. Cette capacité permet de maintenir en stock des informations de manière temporaire. Elle permet de disposer d’un espace de travail mental, un peu comme un cahier de brouillon. C’est une mémoire active.
Canapé
NB : la mémoire de travail joue également un rôle important chez le lecteur débutant. Pour lire, au début de l’apprentissage, le mot canapé, je dois lire en premier « ca » puis « na » puis « pé». Je dois également me souvenir que j’ai lu « ca » et « na » lorsque j’arrive à « pé » pour dire enfin le mot en entier canapé.
L’impact des troubles neurovisuels sur la copie et l’écriture
Les conséquences scolaires des troubles neurovisuels dans le calcul
Lorsque nous posons une opération, l’alignement des chiffres, la pose des retenues… sont des indices visuels. Nos yeux là également réalisent des saccades, des fixations et des poursuites.
L’impact des troubles neurovisuels sur la copie et l’écriture
La technique opératoire est comprise mais l’alignement des chiffres ne se réalisent pas correctement.
Dans d’autres domaines.
De manière générale, l’oculomotricité et la neuro-vision ont un impact cognitif dans plusieurs domaines. Ils peuvent induire :
– des problèmes de concentration
– une lenteur dans la réalisation de certaines tâches (lecture, copie par exemple)
– une mauvaise organisation dans la stratégie du regard
– des erreurs visuo-attentionnelles…
En conclusion,
Les conséquences scolaires de ces troubles neurovisuels sont variés. Nous retrouvons des signes évocateurs au niveau de la lecture, de la copie et des mathématiques. L’impact des troubles neurovisuels est également plus vaste car ils vont induire des difficultés attentionnelles (problème visio-attentionnel) et des lenteurs dans la réalisation de certaines tâches.
Voyons donc maintenant comment aider les personnes ayant un trouble neurovisuel, notamment en matière d’apprentissage.
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1ère publication 16/03/2012 – MAJ 07/10/2020