Dyspraxie : comment faire dans le quotidien

Avant de parler d’aider, il faut comprendre les difficultés de l’enfant.

 

Il faut donc comprendre que c’est la dyspraxie qui met votre enfant dans certaines situations qui le handicapent et qu’en même temps, il n’est pas handicapé pour tout.

 

Dans le quotidien :

 

Il faut s’adapter au handicap

 

Habillage :

Privilégiez

–         les chaussures à scratch

–         les pantalons à ceinture élastique, sans bouton le plus longtemps possible.

–         Les moufles plutôt que les gants, les passer dans le vêtement pour que l’enfant puisse les mettre plus facilement.

–         Les vêtements avec des « velcro » ou de grosses fermetures éclair.

 

Évitez (voire proscrire)

–         les boutons surtout s’ils sont petits.

–         Les fermetures éclair sur les pulls, vestes…

–         Les chaussettes trop serrées

–         Les chaussures à lacet

–         Les ceintures

 

Quand l’enfant est petit, ne pas hésiter à l’habiller complètement afin qu’il ne perde pas son énergie dès le début de la journée.

Même plus grand, vous devrez l’aider à trouver la manche de son pull, à boutonner une chemise, à enfiler ses chaussettes, à faire le bouton et/ou la braguette de son pantalon… voire même à l’aider à s’habiller.

 

Vous apprendrez

* à ne pas précipiter les choses : ce n’est pas parce qu’il a réussi deux fois à boutonner une chemise qu’il y arrivera une troisième. Les échecs seront encore fréquents, les réussites fluctuantes. Encouragez les réussites et les valorisez.

* à choisir des vêtements qui lui sont accessibles

* à accepter que le vêtement sur lequel il a craqué demandera votre aide lors de l’habillage. Il a le droit aussi d’avoir ses coups de cœur. Il a le droit aussi d’être habillé à sa mode.

* à ne pas aggraver le handicap en faisant automatiquement pour lui mais en apportant l’aide adéquate simplement.

 

 

L’hygiène 

Savoir moduler entre intimité et propreté.

–         l’aider à s’essuyer. Quand il grandit, ce point devient plus délicat, il convient alors de lui apprendre en prenant son temps, voire même d’utiliser des lingettes au besoin.

–         Hygiène corporelle : quand ils sont encore petits donner la douche ou le bain n’est pas problématique. C’est quand l’enfant grandit et qu’il demande son intimité que les choses se corsent.

  • choisir un gel douche qui se rince facilement
  • mettre le gel douche dans un flacon avec une pompe. Choisir un flacon en plastique (pas de risque de casse), style « pousse mousse » qui facilitera la prise du gel douche.
  • Opter pour un robinet thermostatique. On en trouve aujourd’hui à des prix très abordables. Régler l’eau à la bonne température est difficile et prend du temps.
  • Choisir des grandes serviettes dans laquelle l’enfant pourra s’enrouler. Mettre un peignoir leur est difficile.
  • Penser qu’ils sont maladroits donc : faire en sorte que la baignoire ne puisse pas être glissante (adjonction d’éléments anti-dérapant au besoin), que le tapis de bain ne glisse pas à leur sortie…
  • Lors de l’apprentissage du lavage, verbaliser les gestes : « je pars d’en haut pour descendre », on peut même inventer une sorte de comptine pour que l’enfant mémorise les gestes à faire.
  • Lors de l’apprentissage, ne pas tenir compte de l’état de la salle de bain après son passage (chaque chose en son temps !) ; mais penser à valoriser ses réussites.

 

 

Coup de coeur Dysmoi :

La serviette Microfibre de Décathlon. (par exemple ici)

Conçue pour être facilement transportable, elle dispose d’autres atouts pour les dyspraxiques.

– Il suffit de la poser contre soi pour qu’elle absorbe les gouttelettes d’eau. Il est donc inutile de se frotter pour s’essuyer ( ce qui en plus n’est pas facile puisqu’elle ne glisse pas).

– On ne s’essuie pas, on la pose ci et là sur son corps et elle absorbe.

– Pour les cheveux longs, il suffit de l’enrouler sur sa tête (cheveux presque secs en 5 minutes).

Elle sèche très rapidement. Plusieurs coloris possibles.

Son seul inconvénient est que lorsqu’elle est mouillée, elle n’absorbe plus rien et donc ne sèche plus. Comme toutes les matières micro-fibres, il ne faut pas la laver à plus de 40°.

 

 

–         Brossage de dents :

  • Choisir autant que possible un dentifrice à pompe
  • Opter pour une brosse à dent électrique. Le geste du brossage est un geste, il ne s’automatisera pas ou pas correctement comme les autres gestes. Il faut donc leur faciliter la tâche
  • Ne pas hésiter à leur brosser les dents.
  • Pensez à faire régulièrement une visite chez le dentiste.

 

 

Coup de coeur Dysmoi :

La brosse à dent Oral B. (par exemple ici)

– mouvements oscillo-rotatifs, il suffit de passer la brosse sur chacune des dents, sans autre geste, pour un brossage efficace

– 2 minutes de brossage

– rechargeable.

 

–         Lavage de mains :

  • Savon dans un flacon à pompe.
  • Si l’enfant a aussi des difficultés avec ce geste, verbaliser l’action à faire.
  • L’aider
  • Penser à mettre l’essuie main le plus proche de lui.
  • L’aider à s’essuyer les mains

 

 

Rangement :

L’enfant a l’impression de ranger mais comme il n’a pas de repères spatiaux, il ne sait pas organiser son rangement. Certains même se retrouvent « anéantis » devant la tâche ne sachant même pas comment l’aborder.

–         tolérer un rangement approximatif, voire très approximatif et noter la bonne volonté de l’enfant plus que le résultat en lui-même.

–         Pour les jouets, procéder avec de grandes cagettes dans lequel il mettra les jouets par thème : les voitures avec les voitures, les playmobils avec les playmobils… mettre de grandes étiquettes sur les cagettes avec nom et dessin (exemple : un grand dessin de voiture). Un seul élément par cagette. On ne trie pas les chevaliers du château fort, les armes des chevaliers… on met tout dans une même cagette.

On peut également fonctionner avec un code couleur : par exemple une cagette bleue pour les voitures, une verte pour les livres…

Bien sûr ces cagettes seront à re-trier régulièrement. C’est déjà le cas avec un enfant non dyspraxique ! L’objectif est de lui apprendre à s’organiser, petit à petit…

–         Ranger sa chambre avec lui en l’aidant. Vous verbalisez les actions à faire. On range en premier toutes les voitures. Une fois les voitures rangées, on range les livres.

 

L’objectif ici est de le faire participer au rangement de sa chambre, au regard aussi de ce qui est demandé à restant de la fratrie. Participer, ne veut pas dire faire tout seul.

 

 

Repas :

L’enfant dyspraxique mange lentement. C’est une donnée à prendre en compte. Il ne sert à rien de le stresser en lui demandant de manger plus vite, le temps du repas doit rester un moment convivial aussi.

–         il ne coupe pas sa viande : il faut donc lui couper o).

–         il mange « salement » : le maniement des couverts n’est pas aisé. Il demande une coordination œil-main efficiente, ce que l’enfant dyspraxique n’a pas. Donc

  • ne pas hésiter à mettre des bavoirs, des serviettes autour du coup, voire des torchons. Attention à ne pas le ridiculiser aussi !
  • si vos chaises ont une assise en tissu, mettre une serviette pour protéger
  • bien l’installer près de la table
  • lui mettre un verre stable : pas de verre à pied, pas de verre en plastique mou…
  • permettre l’utilisation de petites ou grandes cuillères.
  • opter pour une vaisselle incassable

 

 

Tâches ménagères :

 

L’enfant dyspraxique est un enfant, un enfant qui fait partie d’une famille et les tâches ménagères font donc aussi partie des apprentissages.

Certains diront mais il va casser, faire tomber des choses… A cela, je répondrais simplement : oui ! Mais ça fait aussi partie de la vie. Je n’entends pas par là de le laisser ranger la vaisselle qui est dans votre famille depuis 5 générations (d’ailleurs le laisseriez-vous faire à un autre enfant ?), mais simplement de participer au mieux.

Comme par exemple :

– Mettre la table

– Passer l’aspirateur

– Étendre le linge (donner les pinces à linge…)…

 

 

Ces enfants vont grandir. Même à l’âge adulte, ils ne parviendront pas à faire certains gestes ou avec une extrême difficulté.

Notre rôle est alors de les aider à gagner de l’autonomie.

 

Quand un enfant a 5 ans, plus personne ne s’interroge pour savoir à quel âge il a marché… alors que cette question était l’une des plus « importantes » quand ce même enfant avait 12,13 ou 14 mois. Le résultat est là, il marche.

Il faut donc laisser le temps aux enfants dyspraxiques de mettre en place certaines choses, leur laisser le temps de les contourner pour trouver d’autres moyens, au encore avec l’aide d’ergothérapeutes au besoin de mettre en place des outils de contournement.

Finalement, quand cet enfant dyspraxique deviendra un jeune adulte de 20 ans, qui se souviendra à quel âge il a pu faire ses lacets pour la première fois, ou remonter une fermeture éclair… ??

Les parents se focalisent au moment T, hors avec un enfant en situation de handicap, le regard doit être porté plus loin. L’enfant a ses propres objectifs, éloignés de la norme.

Revillac disait qu’un enfant dyspraxique arrivait à dribbler mais qu’il lui fallait plus de temps. En fait normalement, on va regarder le ballon pour le taper avec sa main puis, petit à petit l’apprentissage se mettant en place, on va apprendre à dribbler sans regarder le ballon. L’enfant dyspraxique lui apprend directement sans regarder le ballon tout simplement. Les débuts seront certes plus difficiles mais l’objectif reste le même.

 

Sport et dyspraxie

 

Il faut aussi apprendre à ne pas leur dire « non » parce qu’il y a handicap. Certains parents refusent que l’enfant essaye de faire telle ou telle activité sous prétexte qu’elle n’est pas adaptée à son handicap et qu’elle le mettra donc en difficulté.

Oui, certaines activités sont plus adaptées que d’autres pour les dyspraxiques comme par exemple : les activités dans lesquelles les gestes se répètent. Mais si votre enfant rêve de faire de l’escrime, de la danse, du tir à l’arc… pourquoi l’en empêcher ?

On trouve des gens super sympa dans certains clubs de sport, des moniteurs qui une fois avertis du handicap feront attention et permettront à l’enfant de s’épanouir. Bien sûr, cela nécessite de faire le tour des clubs et de prendre le temps de discuter avec la personne qui pourrait être le futur entraîneur de votre enfant. Choisir des petits clubs à l’ambiance familiale et donc l’objectif n’est pas de préparer les championnats de France.

Certains sports qui ne paraissent pas comme évident pour un dyspraxique les aideront à prendre conscience de l’espace autour d’eux et améliorera aussi leurs habilités psychomotrices : danse, copaeira par exemple.

 

En conclusion,

 

Penser que ces enfants seront demain des adultes et qu’il est du rôle des parents de les amener à quitter le nid en leur permettant d’avoir le maximum d’autonomie.

 

Je terminerai simplement en me rappelant ce que disait un intervenant lors d’une conférence.

« On nous reproche souvent à nous parents d’être en relation quasi-fusionnelle avec notre enfant « différent », « en difficulté ». Nous sommes leur bouée de sauvetage, il faut les laisser s’appuyer sur nous, ne pas craindre même d’être fusionnel parce que ça leur apporte confiance, sécurité, nécessaire pour avancer, pour se construire… Il sera toujours temps quand le moment sera venu de prendre de la distance de manière en fait très naturelle et en douceur ».

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